Le Vietnam, c’est notre grand voyage de 2019. Trois semaines et demi des haut plateaux de Sapa aux murs jaunes de Hoi An, c’est la moitié d’un pays que nous avons effleuré. Cela fait déjà plus de 6 mois que nous sommes revenus, et c’est enfin le moment de diffuser quelques unes de mes photos.
En voyage avec ma copine, une de nos activités préférées, c’est de parcourir les marchés locaux. Tant d’invitations à sentir, toucher, goûter et photographier !
Je fais peu de photos de paysages, mais qu’est ce qu’on a pu aimer ce qu’on a vu ! Mention spéciale à la grotte du Paradis – pas de photo, c’était mon jour off du voyage.
Parmi tout ce que l’on aura vu, Sapa nous aura particulièrement marqué : trois jours de Trek, guidés par l’adorable et francophone Nhu à pouvoir rencontrer des gens et des terres.
Évidemment, ce que j’aime en voyage, ça reste les portraits.
En janvier 2019, je me suis rendu à Marrakech, seul pour une fois, dans l’optique unique de photographier la rue.
Je suis resté un peu plus de deux jours sur place, et j’ai passé le plus clair de mon temps éveillé à photographier, principalement dans la Médina, mais également un peu dans la Ville Nouvelle, en prenant des bus aux hasards et en usant mes semelles.
C’est en attendant un bus que j’ai pu discuter un peu avec Mohammed, qui a accepté de poser rapidement pour une photo.
En rentrant, j’ai posté deux tirages de ses photos à Mohammed. Je ne saurai jamais s’il les a bien reçues.
La Médina de Marrakech, tout comme celle de Fès, qui a fait l’objet d’un voyage plus tard dans l’année, est un lieu parfait pour se perdre, et observer la vie qui se passe à même la ruelle. Des enfants jouent, des hommes discutent, des femmes travaillent, des mules traversent, des jeunes nous indiquent systématiquement le chemin vers “La place”, pas toujours le bon.
Tous les sens sont mis à rude épreuve, notamment celui de l’orientation dans les ruelles tortueuses de la vieille ville, où il et aisé de se perdre. De plus, de nombreuses personnes sont peu enclines à se faire photographier, et encore moins à laisser les femmes se faire photographier. Et ces personnes sont très enclines à vous crier dessus, en plusieurs langues différentes. Même avec de l’habitude, c’est toujours désagréable à vivre.
Cela me fait me poser de nombreuses questions : quelle est ma légitimité à être là ? La loi est de mon côté (on peut en effet, sur la majeure partie du globe, prendre des photos des gens dans la rue sans leur demander leur consentement), mais la religion (berbère ou musulmane) peut le prohiber. J’ai là une place de touriste riche occidental, dans une société en partie façonnée par la colonisation française. Suis-je juste en train de m’amuser d’un exotisme à bon compte, ou bien ai-je un véritable rôle à jouer pour documenter et mettre en valeur ce que je vois ? De même, dois-je respecter la religion locale lorsqu’elle m’enjoint de ne pas photographier les femmes par respect pour elles, ou alors serait-ce criminel que de ne pas représenter de femme dans mon travail ?
Les gens qui s’énervent contre moi n’ont pas conscience de ma démarche, ni de mon objectif : je ne suis qu’un touriste parmi d’autres. Si je prenais le temps d’expliquer ma démarche, de montrer mon travail, je pense que la majorité des gens qui s’opposent à la photo de rue changeraient d’opinion. Mais ce temps, je ne le prends pas, ou rarement. Ce serait contraire à ma façon d’aborder la photographie de rue. On marche, on photographie, et au bout de quelques heures, on rentre dans le “flow” de la ville. On sent ce qui va se passer, on arrive à appréhender les gens, notre confiance déborde, et les locaux ne se sentent plus agressé. Cet état, lorsqu’on arrive à l’atteindre, est délicieux, jouissif presque, et c’est ce qui rend la photographie de rue si géniale à mes yeux.
Si ce texte est peu clair, c’est que ces questions, je me les pose encore, et je ne sais pas si j’y répondrai un jour.
En terme de photos, je suis heureux du résultat. La lumière si dure dans les ruelles pleines de contrastes est un plaisir à manipuler ! Et en terme d’expérience, j’ai beaucoup appris sur moi-même.
A Marrakech, un lieu est particulièrement marquant : la place Jemaa-el-Fna. Presque vide en journée, c’est tout un monde qui vient s’installer dans l’après-midi, pour tous les soirs nourrir et divertir des marrakchis par milliers.
La médina de Fès, fondée vers 800, est un des plus beau exemples vivant du Moyen-Age musulman. Un enchevêtrement de ruelles inextricables, des couleurs vives et chaudes, des ânes qui servent de moyen de transport, de la nourriture de rue qui fait frémir les narines à tous les coins de rue, des quartiers de corporations, de la vie du matin au soir, des jeunes hommes qui proposent gentiment “des herbes pour la tête”, les vestiges de palais magnifique, tout cela nous transporte dans un ailleurs, qui vit pourtant bien au rythme d’aujourd’hui.
Les ruelles
Par rapport à Marrakech (https://www.osaillard.com/blog/marrakech-en-48-heures), l’expérience est plus brute, un peu moins touristique. Ce qui ne veut pas dire moins rude, et je n’ai pas échappé aux remontrances et autres insultes. Ici, on est dans le Nord du Maroc, beaucoup de gens parlent espagnol, ce qui rajoute une petite variété à ces dernières. Mais on croise bien plus de gens ravis de parler et de passer du temps à discuter avec nous, autour d’un thé à la menthe ou lors d’un repas partagé dans une cantine populaire.
Les photos ci-dessous proviennent des Médina de Fès et de Meknès, de Fès-el-Jedid, extension du XIIIe siècle de Fès-el-Bali, et de Moulay-Idriss, petit village perché dans les hauteurs au-dessus de Volubilis.
Ces rues étroites et sinueuses sont tout autant des mosaïques de couleurs frappantes que des lieux où l’ombre est puissante, et sont avant tout un véritable bonheur à photographier.
Les tanneries de Fès
A la fois piège à touriste et activité majeure de la ville, ma perception des tanneries de Fès est peu claire. Même en essayant d’y passer du temps, il m’a été dur de percevoir le rapport que peuvent avoir les gens avec les touristes et les photographies, et quelle part de leur revenu peut en provenir. Avec ces photos, j’aurais voulu raconter des choses importantes et vraies, mais je n’ai qu’effleuré la superficialité de cet endroit qui attire autant. C’est une frustration forte.
Néanmoins, la rudesse du travail contraste aisément avec la poésie colorée des lieux.
A Hoi An, il y a un joli mur jaune, le long du fleuve. Un mur jaune que l’on retrouve sur de nombreuses photos de rue. Un mur jaune un peu iconique.
Ce mur donc. Devant ce mur viennent se faire photographier de nombreux couples pour leur séance engagement – extrêmement importante dans ce coin du monde !
Logiquement, j’ai eu envie d’y faire aussi des photos de couple. En se promenant devant pour la 73e fois en trois jours, j’ai aperçu un superbe couple, parlant espagnol. N’écoutant que mon courage, j’ai demandé à ma copine de leur proposer une séance photo impromptue.
Ce qu’ils ont accepté. Et en quatre minutes, avec Benjamin et Julieta, on a fait ça :
En quatre minutes, on a eu aussi le temps de prendre des photos face au fleuve :
Gracias Benji y Julieta !
Mes amis d’Hué
En voyage, on rencontre des gens. Entre Hoi An et Hué, les quelques heures de retard du bus nous ont permis de faire la connaissance de Bob et Apo, un couple de Lillois en Tour du Monde.
Ils sont gentils et mignons, alors forcément, je les ai pris en photos. Dans des tombeaux, mais aussi dans un parc aquatique abandonné, ou les jeunes routards jouent à cache-cache avec un “gardien” roublard. C’est fun, c’est beau, et ça donne ça.
Fin Octobre 2018, je me suis rendu à Venise pour profiter de quelques jours avec ma copine. Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais on est tombé en pleine “inondation” : une des plus hautes acqua alta de l’histoire s’est déroulée sous nos pieds. Enfin, je dis sous nos pieds, mais en pratique c’était plutôt jusqu’en haut des cuisses. C’est une expérience presque surréaliste de se déplacer en ville, trempé et frigorifié, et de voir des restaurants et des cafés encore ouverts, servant les gens assis dans 30 centimètres d’eau. Et ne plus vraiment distinguer les rues et les canaux c’est aussi assez particulier.
Bilan : je n’ai pas trouvé la ville “romantique” à proprement parler, mais pour la photo, c’était un vrai bonheur ! Je n’ai pas pris mon appareil photo le jour même de l’acqua alta (je n’en ai pas de photo, mais au moins j’ai encore mon appareil !), mais l’ambiance particulière de la ville les jours d’avant -où il y avait déjà “un peu” d’eau sur les rues- était fabuleuse.
Il me tarde d’y retourner !
Maintenant, il ne nous reste plus qu’à décider lesquelles de ces photos finiront accrochées dans notre salon. Des conseils ?